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Un palais pour deux langues : récit
la Passe du vent Mars 2019
ISBN 978-2-84562-340-8
222p. ; 21 x 14 cm, 13EUR

Manque provisoirement

Présentation

Je m’appelle Mohammad Al Amraoui. En français, le (…) de mon prénom – son sourd, qui vient du fond de la gorge, comme si on voulait l’éclaircir -, devient un simple h, le a devient é. Le (…) de mon nom s’efface jusqu’à se réduire à la voyelle a, le r perd son roulement. Il y a des sons qui ne passent pas. Ils se heurtent à une frontière qui les empêche de négocier un quelconque contact avec la glotte. D’autres devraient franchir plus facilement le passage et pourtant l’oreille ne les reçoit pas tels qu’ils sont prononcés, on dirait : je n’ai jamais compris pourquoi l’oreille française perçoit le a des mots arabes comme un é. La voyelle est prise dans une torsion de cordes qui l’altère légèrement. Ma ville natale Fass devient Fez ou Fès, la ville Sala où ma soeur est instit devient Salé. Étrange, cette manie de déformer des mots qui n’en ont pas besoin. C’est comme s’il n’y avait pas de a en français. Or, au contraire, il n’y pas de e justement en arabe.