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Pays du soir
Arfuyen, Collection Neige Octobre 2005
135p. ; 23 x 16 cm, 16,5EUR

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Présentation

Qu’y a-t-il de profond comme le manque,

qui remplisse le coeur comme le vide,

qui comble l’âme comme la nostalgie de cela qui n’est pas.

Quand paraît en 1953 Pays du soir (Aftonland), Pär Lagerkvist, âgé de soixante-deux ans, est l’auteur d’une oeuvre considérable et déjà comblé d’honneurs. Son théâtre, ses essais, poèmes et romans – parmi lesquels Le Bourreau (1933), Le Nain (1944) et Barrabas (1950) – lui ont valu de recevoir deux ans plus tôt le prix Nobel de littérature. Issu d’une modeste famille luthérienne, il a très tôt rompu avec la tradition de ses pères pour embrasser un socialisme radical. Conscient cependant des dangers qui menaçaient l’héritage culturel de l’Europe humaniste, il n’a cessé de le défendre contre les dictatures dans des livres comme Victoire dans les ténèbres ou L’homme sans âme (1939).

Le dieu qui n’existe pas,

c’est lui qui embrase mon âme.

Qui fait de mon âme une terre désertique,

une terre fumante, une terre brûlée qui fume après les flammes.

Pär Lagerkist aimait à se définir comme «un croyant sans foi ou un athée religieux». Et André Gide voyait dans son oeuvre comme «une corde tendue à travers les ténèbres entre le monde réel et le monde de la foi». C’est cette tension qui fait la force et la beauté de Pays du soir, au-delà de toute révolte et de toute certitude, dans une étrange sérénité qui évoque la voix des plus grands spirituels. Si dépouillée est ici l’écriture qu’elle ne prétend donner rien de plus qu’un simple signe de vie, si pure la contemplation qu’elle fait entendre la profonde prière d’une parfaite ignorance:

Que l’angoisse de mon coeur jamais ne se retire.

Que jamais je n’aie la paix.

Que jamais je ne me réconcilie avec la vie, non plus qu’avec la mort.

Que ma route soit sans fin, vers un but inconnu.

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