Les grands ensembles : une histoire qui continue
Jean-Noël Blanc
Présentation
Parmi les formes urbaines qui ont été mobilisées pour produire de la
ville, il y en a peu qui aient si brutalement modifié les paysages
urbains et autant suscité de réactions et d’écrits contradictoires. En
fait, si on a beaucoup écrit sur les grands ensembles ce fut le plus souvent
en fonction de perceptions passagères, soumises aux conjonctures et aux
humeurs du moment. Autant dire que, même si la plupart des auteurs
reconnaissent qu’une partie du XXe siècle (les années 1950 et 1960) peut
à juste titre être qualifiée en France d’ère des grands ensembles, on les
connaît mal car ce n’est le plus souvent qu’au travers de clichés. Ce livre
prétend bousculer quelque peu les idées toutes faites qui courent encore
sur les grands ensembles et qui ont conduit à leur appliquer une politique
dite de la ville qui a surtout contribué à les rejeter un peu plus en dehors
de la ville. Les auteurs ont d’abord recouru de manière conjointe aux
méthodes de diverses disciplines qui ont malheureusement souvent le tort
de travailler séparément : l’histoire, l’architecture, l’urbanisme, la géographie
et la sociologie. Ils ont ensuite croisé les analyses générales et
comparatives avec des monographies concrètes à l’occasion desquelles ils
se sont efforcés de mettre en évidence les stratégies des acteurs sociaux
en fonction de conjonctures mouvantes. Leur objectif c’est de montrer
que les grands ensembles n’ont pas été faits pour les pauvres, qu’ils sont
plus divers qu’on ne le croit, que leur évolution récente n’est surtout pas
uniforme et que leur histoire est loin d’être terminée. Il est temps, en
fait, d’en finir avec les clichés, en admettant par exemple qu’il n’est pas
contradictoire de procéder à la démolition, partielle ou totale, de certains
d’entre eux tout en envisageant la patrimonialisation de certains autres.
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