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Le roman indien de langue anglaise
Karthala, Collection Lettres du Sud Décembre 2004
317p. ; 22 x 14 cm, 25EUR

Disponible

Présentation

Depuis l’Indépendance de l’Inde (1947), les romanciers indiens de langue anglaise brossent une fresque littéraire qui suit l’évolution de la réalité et de l’imaginaire du sous-continent. L’oeuvre de Rushdie – et, en particulier ses brillants Enfants de Minuit – reste le modèle de cette importante production dans la mesure où l’écrivain exilé a réussi à transformer son pays natal en une fabuleuse «patrie imaginaire» et à utiliser sans complexe l’anglais qui n’est, pour lui, qu’«une voix de l’Inde». Bien d’autres romanciers ont également choisi de s’expatrier, de façon temporaire ou définitive. Depuis Toronto ou Oxford, ces «enfants de Rushdie» traquent une indianité qui les hante en utilisant tous les moyens d’expression classiques du roman moderne (réalisme social chez Rohinton Mistry ou verve satirique chez Upamanyu Chatterjee), mais aussi les innovations du discours post-moderne (recours au fantasmagorique chez Vikram Chanda, perversion de l’histoire événementielle chez Shashi Tharoor et destruction du temps et de l’espace chez Amitav Ghosh)…

Certains écrivains privilégient, par contre, une approche moins spectaculaire de la sensibilité indienne. Dans le sillage de l’oeuvre de R.K. Narayan (qui brocardait malicieusement une «petite Inde» modeste), de nombreux romanciers (comme Amit Chauduri ou Anita Desai) travaillent, avec finesse, sur des situations modernes de grande intensité psychologique.

Les romancières ont très vite pris la parole en proposant, d’abord, des récits d’émancipation précautionneuse, puis, peu à peu, des textes de plus en plus courageux qui restent cependant marqués par un contexte psychologique et social encore inhibant. Le récent Dieu des petits riens d’Arundhati Roy propose, par exemple, un monde au féminin où la dépendance débouche sur la transgression, en une dialectique à la fois poétique et tragique.

L’histoire littéraire du roman indien de langue anglaise – que cet essai critique tente de retracer en présentant les oeuvres d’une soixantaine d’auteurs – s’inscrit dans le vaste mouvement actuel de la littérature mondiale post-coloniale anglosaxonne. Il y apparaît comme un modèle incontesté qui a réussi à s’imposer en intégrant les multiples différences de l’Inde plurielle.

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Sébastien Verne (fiche complète)