Présentation
Je suis tombé sur une boîte à chaussures où les photographies de Vivian attendaient. Quatre-vingt photos. Ce sont elles qui ont parlé. Elles, qui ont brisé le silence brutal qui a suivi sa mort. Je me suis demandé ce qu’il restait de lui en-dehors des souvenirs flous et des récits imprécis devenant de plus en plus pauvres au fil du temps. Tentant de me raccrocher à quelque chose de concret, de matériel, une preuve de son existence, de son passage sur terre, j’ai retrouvé quelques objets intimes lui appartenant et qui ont survécu, le procès verbal effectué par la gendarmerie à sa mort, les photographies de l’album familial. Seules et uniques traces tangibles. Ces indices, ces cicatrices, ces stigmates ont ravivé ma mémoire, la déforment, la réaniment, sortent Vivian du coma de l’oubli. Elles forcent à reconstruire le souvenir et la légende. Elles obligent la confrontation entre le réel et l’imaginaire. Du fond de leur océan, elles m’obligent en silence à écrire. Tenter de voir le mieux possible ce qui a été, ce qui est et qui ne sera plus.