Présentation
Knut
est «celui qui ne se rappelle jamais». Avec
pour tout bagage un livre sur Diogène et une valise
bourrée de billets, il sillonne l’asphalte au volant d’une Buick
rouge des années 1950. Nul ne sait d’où il vient, ni où il va. Alors
pourquoi pas vers le sud ? Embarquer avec lui, c’est se cramponner
à la banquette arrière au gré de ses embardées,
renoncer à la géographie, accepter les dilatations convulsives
du temps. La raison cède alors le pas aux obsessions
: la permanence de faisceaux strabiques dans le
rétroviseur, les araignées qui n’en finissent pas de tisser
leur toile, les petits parapluies noirs qui éclosent à
la surface du bain. Dans cette vertigineuse fuite
en avant, Knut plie et déplie les reliefs voluptueux
d’un monde où chaque escale est une traversée
hallucinée d’îlots féminins singuliers, peuplés d’incendies,
de talons aiguilles et de sucettes maléfiques.
À mi-chemin entre Lynch, Magritte et
Vian, la fantaisie inquiète d’Olivier Saison
déroute et subjugue, avec la grâce
ciselée d’une jarretière
couleur chair.
Fils d’un père
pharmacien et d’une
mère professeur d’allemand,
frère de ses deux cadets, maître-assistant
d’un chien qu’il ne voit plus
souvent, Olivier Saison transpose avec
acharnement sa condition petite-bourgeoise
sur son mètre carré de récurrentes
démences et de folles insanités. Ou plutôt sur
la table et l’ordinateur qui occupent ce mètre
carré, seules références spatio-temporelles
valables. C’est du moins ainsi que se présente
cet écrivain né à Calais en 1972
et établi à Lyon après avoir fait ses
armes sous le froid soleil d’Ardèche.
On retrouve son prodigieux sens de la fiction
fantasmatique et cauchemardesque
dans Présents et autres orifices. Paru
l’année de ses vingt-quatre ans
au Serpent à plumes, ce premier
roman lui vaut de figurer dans le
palmarès convoité de la précocité
littéraire, aux côtés de
Radiguet, Rimbaud
et Vian.
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