Présentation
Au printemps 2014, alors que ma mère venait de sombrer dans la démence après huit années d’Alzheimer, j’ai hésité à accepter une résidence d’écriture dans un hôpital psychiatrique. La commande : recueillir les témoignages des patients pratiquant l’activité jardinage afin d’interroger, dans un ouvrage, son intérêt pour les personnes en grande difficulté. Après avoir visité le centre horticole, rencontré quelques-uns de ses usagers, constaté la proximité de leurs discours et comportements avec ceux de ma mère, j’ai pensé qu’écrire sur eux me permettrait d’écrire aussi sur elle et ainsi, peut-être, de ralentir notre irrémédiable éloignement.
Des bienfaits du jardinage dit mes allers-retours entre elle et eux, entre sa vie de plus en plus immobile et silencieuse et les leurs, lourdement médicamentées, tassées souvent. Des bienfaits du jardinage dit aussi la mienne, déstabilisée, puis apaisée peu à peu par la beauté du jardin et l’aide que m’ont apportée, sans le savoir, ces hommes et femmes tout au long d’un printemps, d’un été et d’un début d’automne.