Présentation
D’abord avocat, puis chroniqueur judiciaire, Gaston Leroux (1868-1927) abandonne la robe pour la plume et se lance dans le journalisme d’investigation. Sa vie n’est guère éloignée, alors, de celle de son personnage favori, l’enquêteur Rouletabille, héros du Mystère de la chambre jaune, qui paraît en feuilleton en 1907 avec un succès foudroyant, tout comme, l’année suivante, Le Parfum de la dame en noir. Confrontés à une intrigue savamment construite, une équation à première vue impossible à résoudre – comment l’assassin est-il sorti d’une chambre dont les issues sont fermées de l’intérieur ? -,des milliers de lecteurs se découvrent une âme de détective.
Lorsque paraissent en 1909 les premiers épisodes du Fantôme de l’Opéra, Gaston Leroux s’affirme comme le grand rival de Maurice Leblanc, le créateur d’Arsène Lupin. Ce nouveau feuilleton, qui s’inspire des légendes liées à la construction du Palais Garnier, met en scène un mystérieux persécuteur, amoureux éconduit, habité d’un instinct de vindicte. Tandis que balbutie le cinématographe, Leroux invente le récit à grand spectacle, qui culmine dans la fameuse scène du lustre. Vengeance d’un esprit dérangé sur des innocents, maintes fois adapté au théâtre et au cinéma, Le Fantôme de l’Opéra illustre un stade nouveau de l’histoire de la violence : l’attentat terroriste.
Cette imagination prodigieuse, ce mélange de lyrisme, d’horreur et d’humour noir, on les retrouve dans Un homme dans la nuit (1911), dont l’un des protagonistes, difforme et mystérieux, n’apparaît que drapé dans une ample pèlerine, le regard occulté par des lunettes… Dès lors, Gaston Leroux s’oriente vers un genre promis au succès : le récit d’épouvante, qu’illustreront La Poupée sanglante et La Machine à assassiner (1924).