Présentation
Parfois, je me sens, avouait Mark Twain, comme la personne saine d’esprit dans une communauté de fous ; parfois, je me sens comme le seul aveugle là où tout le monde voit, le seul sauvage tâtonnant dans le collège des savants, et toujours pendant le service, je me sens comme un hérétique au paradis.
Plus qu’au paradis, on brûle d’aller en enfer pour retrouver un écrivain assurément en bonne compagnie. Sur terre l’auteur, si connu pour ses romans à l’usage de la jeunesse, n’avait pas cessé de décocher ses flèches sur une Amérique détraquée, fausse, détestable. Inépuisable était son carquois de traits acérés contre, parmi d’autres, celui qui peut brailler le plus fort sans savoir ce qu’il braille.
Avec son contemporain Ambrose Bierce, il a fait partie de ces vigies qui scrutent les travers d’un homme, des hommes, de leur société et relèvent non sans un humour acidulé tout ce qui pouvait empoisonner l’air de leur temps.
Un bon siècle plus tard, dans ce monde terriblement enclin au mensonge, les aphorismes lucides de Mark Twain ont-ils vieilli, l’air de notre temps est-il plus pur ? Alain Blanc