Présentation
Chezeux, l’imagination est en tête, les visions débordent, les identités sont multiples, et les sens sont à nu. L’enfance est partout, le réel est augmenté de dialogues avec des esprits et ils parlent couramment la langue du chaos ; le dedans est dehors. On dit d’eux qu’ils sont fous ou idiots. À leur façon, ils portent aussi le monde.
Ils disent, à corps et à cri : « Je ne suis pas ce que vous croyez », ils font des danses de vie pour éclairer leurs chambres noires, ils écrivent au monde et le monde n’entend pas ; ils créent sans le savoir, et nous nous inclinons devant la vie qu’ils portent en eux.
Ils ont eu la pulsion d’écrire, comme on a la pulsion de la vie. Ils se fichaient d’écrire « comme il faut » ; ils obéissaient à d’autres lois, inventaient des langues pour se tenir au plus près d’eux-mêmes. Ça jette des étincelles. Nos coeurs sont à la fête, même quand c’est triste. On retrouve des frères, des soeurs, ou bien nous-mêmes, épluchés de nos falbalas. Avec les écrits bruts, on est à la source de pourquoi l’écriture vient, pour faire monter la vie, pour s’ébrouer du malheur et en faire des feux de camps, pour faire vivre l’esprit.
On ne comprend pas comment le manque de tout l’élémentaire produit cet oxygène. C’est un mystère. Et en attendant de comprendre, je tourne autour et avec eux, je me sens vivante.Anouk Grinberg