Présentation
Être paysan est un état d’esprit, une façon presque à part de penser, de travailler, de vivre en amour avec la nature.
Ne pas s’autoriser à élever l’animal dans la souffrance, à détruire des haies, des bois, ni se donner le droit de polluer des sols ou empoisonner des sources, détourner des rivières au nom d’un profit, d’un rendement. C’est surtout pouvoir rester libre, libre de moissonner et de ressemer ses propres graines.
Le monde paysan dans lequel j’ai accompagné mon mari fut un monde cruel parfois, dur, où le temps de travail n’était jamais compté, ni comptabilisé, un monde au fil des saisons, des naissances et des morts des animaux. Mais nous vivions dans un monde d’espace, d’arbres en fleur au printemps, de petits veaux libres au pré l’été, sans vouloir autre chose qu’admirer un champ d’orge bercé par le vent.Véronique Dutreix
Ma relation à la vie agricole est à la fois généalogique (plusieurs générations d’ascendants maternels, cultivateurs dans le pays des Amognes) et passagère – né et vivant en ville, je passe encore des vacances dans la proximité d’une ferme nivernaise. D’où la désignation de « passant » dans ce recueil : les citadins le sont un peu à la campagne.
J’ai voulu autrefois être agriculteur, pour finalement travailler sur la page. Il y a peu. l’espace blanc m’est apparu comme un champ, qui fit surgir dans mes poèmes les bêtes que je côtoyais de temps à autre en Nièvre. Les pages devinrent prés dans lesquels elles venaient s’ébattre… où les lecteurs peuvent les approcher.Jean Antonini