Présentation
Hors Temazcal
« Nous avons traversé l’écluse comme on passe de la dernière lueur à la prière des eaux. Engloutie toute parure des dieux équivoques. Nous sommes entrés dans le mystère sans ouvrir de porte, en glissant de plus haut dans la passion légère comme un paysan osseux enduit de crépuscule ».
L’écriture trace son cercle magique autour des choses. Elles viennent s’y disposer en une constellation qui oriente nos plus beaux égarements. Ceux de l’aventurier comme ceux du rêveur. Car Michel Cassir s’aventure dans l’imaginaire et rêve le réel. Fidèle en cela au mot d’ordre surréaliste : « Dormir les yeux ouverts, agir les yeux fermés ». Toutefois, ce n’est pas seulement dans cette communication du rêve et de la réalité que la poésie de Michel Cassir s’apparente au surréalisme dont, par ailleurs, il assume le dépassement, mais aussi dans ce qu’on pourrait appeler un instinct magnétique de l’image…
C’est un monde nommé que nous rend la poésie. Celle de Michel Cassir se confond avec le mouvement de la marche. Le pas déclenche le chant. Et le vers déborde de distance. L’écorce terrestre sur laquelle marchent les hommes a l’épaisseur du mystère. Métal nocturne dont, par les moyens analogues de la poésie et de la chimie, Novalis, déjà, entreprit de chercher la formule. Écrire, ici, est mesurer l’étendue solaire qui nous sépare des dieux et puiser à la nuit sans fond : « … démesure propre à l’être humain, de sonder les abîmes, de dévier la lumière ». Écrire comme marcher, la peau exaltée, sur les traces encore fraîches du départ.
Au-delà d’une oeuvre poétique exigeante, Michel Cassir place la poésie au centre même du mystère et de la quête humaine. De la fête intérieure à l’aventure des mots qui tentent de débusquer un sens plus fort à la dualité réel/imaginaire. La poésie rend aussi justice à la vie outragée. Elle s’approprie le bonheur au combat.