Présentation
Les littératures africaines de langue anglaise ont commencé à se faire connaître à la fin des années 1950, c’est-à-dire au moment où la plupart des pays anglophones accédaient à l’indépendance.
Les premiers textes sont marqués par un recours appuyé à la tradition orale, comme en témoignent le récit initiatique du Nigérian Amos Tutuola (L’ivrogne dans la brousse, 1952) ou les longs chants d’incantation du poète ougandais Okot p’Bitek (La chanson de Lawino, 1966). Mais cette célébration d’une Afrique traditionnelle va vite céder la place à une dénonciation de l’Afrique nouvelle en proie à l’instabilité, la corruption et la violence. Les romans décrivent Le monde qui s’effondre (C.Achebe), les poèmes vont faire entendre La musique de la douleur (T.Ojaide) et les pièces de théâtre vont mettre en scène Les misérables, les démunis (G.Miyajali), voire Les fous et les spécialistes (W.Soyinka).
Néanmoins de nombreux auteurs – et non des moindres – vont tenter de dépasser ce lancinant constat d’échec et proposer une vision plus réconfortante d’une Afrique résiliente et fertile. Les femmes écrivains vont réussir à briser le silence et à imposer leur parole lucide et chaleureuse ; les Sud-Africains blancs et noirs, après avoir si longtemps lutté contre l’arbitraire de l’apartheid, sont en train de créer une nouvelle littérature « arc-en-ciel » et les nombreux écrivains de l’exil, privés de leur terre natale, proposent un fascinant portrait décalé de l’Afrique qui est devenue pour ces déracinés « le pays de l’imagination » (N.Farah).